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Clash, un film de Mohamed Diab | Camilla Maria Cederna

Camilla Maria Cederna

Le président égyptien Mohamed Morsi, membre des Frères Musulmans élu démocratiquement un an auparavant, vient d’être renversé par l’armée au lendemain d’une manifestation massive contre la confrérie au pouvoir ayant débuté le 30 juin 2013. Le film qui se passe pendant un de ces jours de colères et notamment le 3 juillet 2013, est tourné à l’intérieur d’un fourgon, sorte de microcosme de la société égyptienne, où sont entassés les manifestants arrêtés par la police, parmi lesquels les partisans des frères musulmans et leurs adversaires

De l’intérieur on assiste au chaos dehors, au clash brutal entre les manifestants et la police, l’enfer à l’état pur, où la vie humaine n’a plus de valeur. Dans le camion, en revanche, la coexistence forcée entre ces êtres antagonistes qui se retrouvent tous dans une condition d’emprisonnement, souffrant de claustrophobie et en proie à l’angoisse d’avoir perdu leurs proches, renfermés dans d’autres fourgons, déclenche une certaine communication et parfois même des étincelles d’empathie. Devant assouvir leurs besoins primaires et intimes, comme celui d’aller à la toilette ou tout simplement de respirer, les protagonistes sont plongés dans une condition d’humiliation et de déshumanisation, à laquelle ils essayent de résister, condition qui nous renvoie aux récits des déportés juifs renfermés dans les wagons destinés aux camps de concentration.

Avec un coup de génie, le réalisateur nous montre ce monde renversé : les personnages aspirant à la liberté essayent désespérément de sortir du fourgon où sont renfermés depuis le début du film, mais où peuvent-ils aller, si dehors règne la violence aveugle, la barbarie … ? Car en effet et par l’absurde c’est à l’intérieur que l’humanité est arrivée malgré tout à se faire place et à tisser entre les victimes, grâce à la proximité forcée, des relations minimales de respect et de compréhension

L’atmosphère paradoxale, voire surnaturelle, est renforcée par les images au ralenti ainsi que les gros plans sur les visages désemparés des prisonniers, qui nous rappellent ceux du film de László Nemes « Le Fils de Saul » se déroulant dans le camp d’Auschwitz-Birkenau. Enfin, peut-on et comment survivre dans cet enfer sans issue, dont l’apothéose est atteinte dans la scène finale, véritable chef-d’œuvre dans sa capacité de rendre la folie et l’horreur de la situation? Où est-il le salut et y a-t- il un salut ? Nous sortons du film ébahis, bouleversés, les poings et l’estomac serrés, l’impression d’avoir passé non pas une heure et demie, mais toute une éternité renfermés dans ce fourgon, avec les mots inscrits sur le T-shirt d’un des protagonistes, creusés dans nos cœurs :   fuck that shit

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