Camilla Maria Cederna
La poésie est pour moi dans un certain sens toujours politique, même quand je parle de désir, de nostalgie, d’amour. C’est une poésie de l’urgence, non pas le résultat d’une décision rationnelle. Elle s’impose d’une façon irrépressible, violente. Une urgence, une nécessité vitale, absolue, d’écrire pour réagir et agir. Je mets sur le même plan une souffrance intime et une autre provoquée par un évènement lié à la politique, à l’horreur dans le monde, comme le terrorisme, les massacres de poètes, de dissidents, d’âmes innocentes et sans défense, d’hommes et surtout de femmes frappées par la violence et par l’injustice … chacun de ces faits atroces déclenche en moi une douleur insupportable qui est à l’origine de la poésie. J’espère alors de réussir à travers mes mots à communiquer cette sensation de terreur et de désespoir et à provoquer en celle et celui qui me lit ou m’écoute un tremblement, comme celui qui me secoue quand j’écris. Un tremblement, une réaction de rage, une écriture ultérieure. A travers ce langage des émotions, je pense que la poésie peut jeter des ponts entre les mondes et les cultures les plus éloignées, comme une grande vague, répandre des valeurs communs de liberté, égalité, justice, des valeurs dispersées dans la mer, comme des radeaux de sauvetage auxquelles s’accrocher pendant le naufrage. En ce sens la poésie peut être un passage, une traversée de mondes et de réalités éloignées, langues et cultures différentes, et finalement un espoir, l’attente d’une renaissance