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Antonia Pozzi | traduit de l’italien par Camilla M. Cederna

Canto della mia nudità

(Milan 1912-Milan1938)

Guardami: sono nuda. Dall’inquieto

Languore della mia capigliatura

Alla tensione snella del mio piede,

Io sono tutta una magrezza acerba

Inguainata in un color d’avorio.

Guarda: pallida è la carne mia.

Si direbbe che il sangue non vi scorra.

Rosso non ne traspare. Solo un languido

Palpito azzurro sfuma in mezzo al petto.

Vedi come incavato ho il ventre. Incerta

E’ la curva dei fianchi, ma i ginocchi

E le caviglie e tutte le giunture,

Ho scarne e salde come un puro sangue.

Oggi, m’inarco nuda, nel nitore

Del bagno bianco e m’inarcherò nuda

Domani sopra un letto, se qualcuno

Mi prenderà. E un giorno nuda, sola,

Stesa supina sotto troppa terra,

Starò, quando la morte avrà chiamato.

(Palermo 1929)

 

 

 

Chant de ma nudité

traduit de l’italien par Camilla M. Cederna

Regarde-moi : je suis nue. De l’inquiète

Langueur de la chevelure

A la tension légère de mon pied,

Je suis toute d’une maigreur acerbe

Gainée dans une couleur ivoire.

Regarde : pâle est ma chair.
On dirait que le sang n’y coule pas.

Le rouge n’y transparaît pas. Seul un faible

Battement azur au milieu de ma poitrine.

Tu vois comme j’ai le ventre creux. Incertaine

Est la courbe de mes hanches, mais les genoux

Et les chevilles et toutes les articulations,

Sont maigres et fermes come un pur-sang.

Aujourd’hui, je me cambre nue, dans l’éclat

Du bain blanc et je me cambrerai nue

Demain sur un lit, si quelqu’un

Me prendra. Et un jour nue, seule,

Allongée sur le dos sous trop de terre,

Je resterai, quand la mort aura appelé.

(Palerme 1929)

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