Canto della mia nudità
(Milan 1912-Milan1938)
Guardami: sono nuda. Dall’inquieto
Languore della mia capigliatura
Alla tensione snella del mio piede,
Io sono tutta una magrezza acerba
Inguainata in un color d’avorio.
Guarda: pallida è la carne mia.
Si direbbe che il sangue non vi scorra.
Rosso non ne traspare. Solo un languido
Palpito azzurro sfuma in mezzo al petto.
Vedi come incavato ho il ventre. Incerta
E’ la curva dei fianchi, ma i ginocchi
E le caviglie e tutte le giunture,
Ho scarne e salde come un puro sangue.
Oggi, m’inarco nuda, nel nitore
Del bagno bianco e m’inarcherò nuda
Domani sopra un letto, se qualcuno
Mi prenderà. E un giorno nuda, sola,
Stesa supina sotto troppa terra,
Starò, quando la morte avrà chiamato.
(Palermo 1929)
Chant de ma nudité
traduit de l’italien par Camilla M. Cederna
Regarde-moi : je suis nue. De l’inquiète
Langueur de la chevelure
A la tension légère de mon pied,
Je suis toute d’une maigreur acerbe
Gainée dans une couleur ivoire.
Regarde : pâle est ma chair.
On dirait que le sang n’y coule pas.
Le rouge n’y transparaît pas. Seul un faible
Battement azur au milieu de ma poitrine.
Tu vois comme j’ai le ventre creux. Incertaine
Est la courbe de mes hanches, mais les genoux
Et les chevilles et toutes les articulations,
Sont maigres et fermes come un pur-sang.
Aujourd’hui, je me cambre nue, dans l’éclat
Du bain blanc et je me cambrerai nue
Demain sur un lit, si quelqu’un
Me prendra. Et un jour nue, seule,
Allongée sur le dos sous trop de terre,
Je resterai, quand la mort aura appelé.
(Palerme 1929)