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manifestation en solidarité avec l’écrivaine turque Asli Erdogan

Hier soir (12 /12/16) à la Maison de la poésie de Paris, manifestation en solidarité avec l’écrivaine turque Asli Erdogan

Avec Mine Aydostlu, mère d’Asli Erdoğan ; Yigit Bener, écrivain turc ; Timour Muhidine, son éditeur chez Actes Sud ; Pierre Astier, son agent littéraire ; Emmanuelle Collas, directrice des éditions Galaade ; Françoise Nyssen, présidente d es éditions Actes Sud ; Selin Altiparmak, comédienne

Arrêtée le 16 août, accusée d’être « membre d’une organisation terroriste armée », et de « vouloir diviser le pays ». Les preuves : être membre du comité consultatif d’une revue pro-kurde. En réalité elle paye son engagement dans la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, des valeurs qui sont au centre de toutes ses oeuvres. Son procès se tiendra le 29 décembre et elle risque la prison à vie
« En France et en Europe des voix se sont élevées pour demander sa libération. Une pétition a recueilli 40 000 signatures. Asli Erdoğan est devenue le symbole de la liberté d’expression bâillonnée. » En six mois 50000 personnes ont été arrêtées

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La mère d’Asli rappelle la situation grave de la santé de sa fille, qui a des problèmes d’hernie discale, dont elle a été opérée plusieurs fois, problèmes de circulation, d’enzymes pancréatiques ; elle devrait suivre un régime spécial qui lui est nié, et quand parfois elle est amenée à l’hôpital, menottée et sous stricte surveillance, souvent elle doit attendre pour rien, et revenir en prison sans avoir vu le médecin, ni pris ses médicaments
Etant donné l’absence totale de liberté en Turquie, et l’impossibilité que les écrits de sa fille soient publiés, la mère souligne l’importance de l’activité des éditeurs et de tous ceux qui expriment leur solidarité à son égard.
Pierre Astier, son agent littéraire, rappelle qu’elle est traduite en dix langues et dans tout le monde, que la pétition en faveur de sa libération a atteint 45000 signatures et qu’une manifestation a été organisée pendant la foire de Francfort

Pourquoi elle ? Comme le rappelle son éditeur chez Actes Sud, arrêtée avec de nombreux d’autres intellectuels, Asli est le symbole de tout ce que le régime turque déteste : une femme, une écrivaine universelle, luttant pour abattre les murs qui s’élèvent partout, engagée en première ligne dans la défense de la liberté, de nos valeurs, des droits de l’hommes et de toutes les victimes de la violence : les kurdes, les femmes, les migrants, les arméniens, les travestis

7L’écrivain turc Yigit Bener, auteur du roman Le Revenant (Actes Sud), et ce soir interprète de la mère d’Asli, dénonce les amalgames et les manipulations de la part du gouvernement, qui profite de la situation (le coup, les attentats), pour purger et arrêter de façon indiscriminée tous opposants, parmi lesquels surtout les kurdes. Il souligne l’absurdité de l’accusation de terrorisme prononcée à l’égard d’Asli. Rien de plus invraisemblable pour cette femme, écrivaine humaniste et universelle, dont il rappelle les pages sur Rio et sur Genève. En fait, elle est obsédée par les villes, par le fait qu’elles peuvent devenir des lieux de mort et de destruction, comme c’est le cas des douze villes kurdes qui ont été détruites et avec elles les vies, les mémoires, les histoires qu’elles représentaient

Cette destruction est l’objet d’une des ses chroniques littéraires, qui ont déclenché son arrestation, et qui seront publiées par Actes Sud en janvier 2017 sous le titre « Le silence même n’est plus à toi ». Dans son récit, elle compare le projet d’élimination systématique des kurdes à la Shoah, l’enfer d’Auschwitz à celui des villes kurdes en débris : Cizre, Diyarbakir, Silopi … résultat de la nuit de cristal du gouvernement turc. Ses mots blessent comme des lames nous faisant plonger dans l’horreur. Des images insoutenables se dressent devant nos yeux pétrifiés : la terre absorbante le sang, les racines, les entrailles, le corps d’une femme sauvagement torturée pendant cinq jours et cinq nuits, les hôpitaux carbonisés, l’infirmier au drapeau blanc descendu, un jeune dépecé à coup de rasoir, un autre de 15 ans mis en garde à vue et puis disparu, des enfants morts faute de soins, les tanks en chenille, les maisons effondrées

La soirée étais aussi dédiée aux autres innombrables victimes du régime, tous ceux qui ont été emprisonnés ou qui ont perdu leur travail d’un jour à l’autre: enseignants, chercheurs, écrivains, journalistes, poètes, dramaturges, acteurs, actrices, telle la fille d’un poète qui fut brulé vif avec 33 autres poètes en 1987, lors d’un attentat perpétré par des intégristes

Pour conclure on lit un texte d’un écrivain, auteur du livre Le dernier Istanbul, qui a eu le courage de déclarer son homosexualité, et qui sera publié en février par Actes Sud, et d’un autre d’un jeune kurde de Turquie, qui écrit la langue cassée d’un monde où personne ne parle pas bien la langue de l’autre

Dernière question posée : quelles sont les perspectives pour Asli
Comme déclare son agent, 18 juristes turcs sont d’accord que l’accusation ne tient pas, qu’elle est le résultat de l’arbitraire plus absolu, de l’état d’urgence. Yigit Bener commente ironiquement que « la justice turque est libre et indépendante ».
Selon la mère, l’accusation est contraire au droit, car aucune loi n’autorise l’arrestation d’un conseiller d’une revue
Si le droit existe, elle devrait être libérée, affirme-t-elle, avec une lueur d’espoir aussitôt éteinte

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