Le roman en Tamazighte : Quelle appellation ? | El Ghazi Lakbir – Maroc

La question de la terminologie était, est encore et, restera toujours posée tant que la langue évolue et tant que cette dernière est l’objet de réflexion. Du fait que les termes et les notions facilitent la communication et favorisent la compréhension, objectif final de tout message, les mots sont alors créés pour qualifier et exprimer les aspects de la vie

Ainsi, pour nommer un objet, et lui attribuer une dénomination, on se base généralement sur ses propriétés intrinsèques (couleur, forme…) ou extrinsèques (son origine par exemple). Le terme, ainsi donné, fait son chemin dans le domaine public. Il peut séduire, faire l’objet de l’usage et prendre place dans le lexique de la langue en question, comme il peut être rejeté comme une greffe non tolérée par l’organisme récepteur, et se fait remplacer par un autre

En Tamazighte, le vocabulaire spécialisé fait défaut pour deux raisons objectives. La première est que la langue Amazighe perd progressivement son lexique à cause des langues politiquement soutenues par les pouvoirs en place des siècles durant. La seconde raison de la pauvreté du vocabulaire spécialisé amazigh est la situation de la langue Amazighe en dehors de l’école,  (au Maroc par exemple, elle enseignée seulement dans certaines écoles primaires) ce qui la prive des opportunités offertes par cette institution qui prépare à la vie sociale

Quelles sont les propriétés intrinsèques et extrinsèques d’un roman ? Sans entrer dans les détails, le roman est caractérisé par

La structure : un roman est construit selon un schéma narratif

La longueur : le roman est plus long que la nouvelle

Le nombre de personnages : le nombre de personnages est souvent grand dans le roman

Le nombre d’actions : vue sa longueur, le roman comprend généralement plusieurs actions

En Kabylie, il est nommé « ⵓⵏⴳⴰⵍ = ungal

Or, partout dans Tamazgha, le mot « Ungal » signifie sombre et noir. Les Kabyles ont, peut- être, désigné le roman ainsi, pour signifier son mystère et mettre en valeur son secret. Mais ils n’ont pas fait attention au terme qu’ils ont choisi pour désigner le roman. Le mot « Ungal » est avant tout le noir, le danger, l’imprécis et bien d’autres significations péjoratives qui font du roman, en tant qu’œuvre littéraire, bien édifiée et pouvant parler de très belles choses, une création de perversité

Le roman, est avant tout une production de plaisir, d’engagement, d’Histoire… qui n’a rien de cruauté

Pour ces raisons, il me semble nécessaire de trouver une terminologie convenable pour désigner ce genre littéraire , et essayer par la suite de la diffuser et l’implanter

Tenant compte du lien très étroit entre les deux manifestations de la culture, celle de la littérature et celle des champs (et j’espère revenir plus tard sur ce sujet pour en dire un mot), sachant qu’au cours de l’évolution de la langue, un sens chasse l’autre et garde le même terme, tenant compte des caractéristiques du roman mentionnées en haut, et tout en essayant d’éviter le néologisme qui nuit à la langue plus qu’il la sert, je propose le terme « ⴰⴷⵖ, ⴰⴷⵖⵏ = ADGH, adghn» pour nommer le roman

 ⴰⴷⵖ= Adgh » est l’unité, plus longue que large, de la récolte du champ. En effet

 ⴰⴷⵖ = adgh » est

Long

L’aboutissement de plusieurs actions

L’exposition (comme faire connaître) de la moisson avant d’être transportée pour le battage ( critique et évaluation)

Les gerbes y sont soigneusement arrangée et correctement placée comme les phrases et les figures style dans le texte

« ⴰⴷⵖ = Adgh », le roman en langue Amazighe, est en train de se faire une place dans la littérature nationale et mondiale à partir du moment où la langue des nord-africains a envahi le domaine scriptural

 ⴰⴷⵖ = Adgh , va donc faire connaître la réflexion des Imazighen sur le monde