الرئيسية |
Vagues |
Choix de poèmes | Giuseppe Grattacaso – traduits par Francesca Irene Sensini et Yannick Gouchan
Choix de poèmes | Giuseppe Grattacaso – traduits par Francesca Irene Sensini et Yannick Gouchan
Giuseppe Grattacaso est né à Salerne en 1957 et vit à Pistoia. Il a publié les recueils de poèmes Devozioni (Ripostes, 1982), Se fosse pronto un cielo (Il Catalogo, 1991), L’attimo dopo, avec photographies d’Elisabetta Scarpini (Nuova Libra editrice, 2009, Confidenze da un luogo familiare (Campanotto, 2010), La vita dei bicchieri e delle stelle (Campanotto, 2013, Prix Pontedilegno Poésie), Il mondo che farà (2019), avec lequel il a remporté le Prix Prestigiacomo, le Prix Pisa, le Prix Ceppo Poesia 2021 et a été finaliste pour le Prix Frascati. Son premier recueil de récits, Parlavano di me (Effigi, 2015), est devenu par la suite une pièce de théâtre (réalisateur Marco Zingaro, interprétation de Francesca Nerozzi). En 2020 il a publié le livre Foto di classe. La scuola della ripartenza raccontata dall’ultimo banco (Castelvecchi). Il a écrit deux textes de chansons dans le cd heart/strings de Lucia Minetti (2019). Il est l’auteur d’un blog de poésie à l’adresse www.giuseppegrattacaso.it. Il collabore avec plusieurs journaux en écrivant des articles de culture et théâtre ainsi qu’avec la web revue Succedeoggi
Francesca Sensini est Maîtresse de confèrences en Études italiennes à l’Université Côte d’Azur
Yannick Gouchan est Professeur en Études italiennes à l’Université Aix-Marseille
Les prévisions du monde (Il mondo che farà)
Elliot, Roma 2019
Un certain jour un tel, en marchant
dans une rue qu’il a du mal à reconnaître
ou lors de l’attente d’un train à la gare
légèrement en retard ou soudain
se retrouvant sans but et abasourdi
devant une vitrine sans savoir
ce qu’il regarde, aperçoit
insoucieusement le destin, et la vie
qui ne marche plus que par languissement
par défaillance. Les autres avancent
et lui, il esquive et laisse le groupe
élimine les tchats, sans paroles
restent les images, il attend
que les prévisions du monde viennent au secours
quoique rien ne dise qu’il sera pile à l’heure
parce que le monde ne peut venir à l’aide
qu’avec des phrases exactes, l’avant et l’après
réajustés suite à un décompte précis
les horaires surlignées dans le calendrier
le hasard converti en exactitude
finie la confusion des instants
les heures se succèdent l’une après l’autre
Il attend un temps nouveau, assez de la pluie
des orages, des petits ennuis, d’autres malaises
mais du vent qui dégage le paysage
Un certo giorno uno camminando
per una strada che non riconosce
o nell’attesa di un treno alla stazione
in leggero ritardo o all’improvviso
rimasto frastornato senza mira
davanti a una vetrina e non sa
che cosa stia a guardare, percepisce
senza cura il destino, che la vita
più non funziona che per struggimento
per insolvenza. Gli altri vanno dritti
e lui scantona ed abbandona il gruppo
elimina le chat, senza parole
rimangono le immagini, lui aspetta
che il mondo che farà venga a soccorso
ma non è detto arrivi puntuale
perché in aiuto può venire il mondo
solo con frasi esatte, prima e dopo
rimessi in fila con conteggio certo
gli orari in evidenza in calendario
il caso che è convinto in correttezza
non più la confusione degli istanti
ma un’ora dopo l’altra in successione
Lui aspetta un nuovo tempo non più pioggia
i temporali, acciacchi, altri malanni
ma vento che rischiari il paesaggio
Il n’y pas de lettres d’adieu possibles
sans quitter la terre et partir
tout ce qu’à présent j’arrive à dire
m’est infaisable, je dis je m’en vais
mais j’agite mes bras sans m’envoler
le train d’atterrissage coincé, quel adieu
est dans ce pas de marathonien
qui au lieu de s’enfuir veut te suivre
L’amour est fort simple, nous pouvons
l’enchevêtrer à souhait
brouiller les cartes, l’abandonner
à son destin, il se promènera à nouveau
sous nos yeux. Je dis adieu
puis je m’arrête, je demande à te voir
et ce temps immobile de l’attente
demeure le lieu où je veux être
chercher à flâner dans ton corps
a pas comptés, voilà ce dont je sais
Non si scrivono lettere d’addio
senza staccarsi da terra e partire
tutto quello che oggi riesco a dire
non lo so fare, dico vado via
ma agito le braccia e non decollo
nemmeno rulla il carrello, quale addio
è in questo passo da maratoneta
che non vuole fuggire ma inseguirti
L’amore è semplicissimo, possiamo
aggrovigliarlo fino a che vogliamo
confondere le carte, abbandonarlo
al suo destino, torna a passeggiare
vicino ai nostri sguardi. Dico addio
ma poi mi fermo, chiedo di trovarti
e questo tempo immobile in attesa
è ancora il luogo dove voglio stare
provare nel tuo corpo a camminare
a passo lento, quello che so fare
Admettons : le monde n’existe pas
nous ne sommes pas vivants ni morts non plus
peut-être sommes-nous le caprice d’un autre
fort fantasque et sans objet
ce pourrait être la même chose pour nous aussi
non existants à la veine créatrice
inventeurs géniaux de brevets
d’engins absents. Le monde est tout entier
dans ce cas, un fruit de l’esprit
maladroit et intelligent qui ne produit
que le néant après d’immenses efforts
sous forme de fantômes et d’évènements
jamais advenus, qui confond avec la réalité
ce qu’il voit, juste un fourvoiement
une projection pensée à son détriment
Poniamo il caso il mondo non esista
non siamo in vita, ma nemmeno morti
piuttosto fantasia di qualcun altro
alquanto immaginoso e inconcludente
potrebbe darsi persino di noi stessi
non esistenti in vena di creativi
inventori geniali di brevetti
di macchinari assenti. Il mondo è tutto
in questo caso frutto della mente
maldestra e intelligente, che produce
con sforzo immane solamente
il niente in forma di fantasmi e avvenimenti
non accaduti, che scambia per realtà
quello che vede ed è soltanto inganno
proiezione pensata a proprio danno
Singulière : la maison qui ne ferme
jamais ses fenêtres, lumière qui ne brime
pas le désir, les courants d’air
dirigent les humeurs, brouillard par endroits
feuilles mortes en automne, tourbillons
de pages tout le long de l’année
Il arrive quelquefois que la nuit
une fenêtre ne dorme pas tranquille
sans vie autour d’elle et qu’elle s’ouvre
grand par un élan soudain, qu’elle cherche dehors
un éclat, une voix, un mouvement
le sifflement d’un oiseau sans paix
Speciale è quella casa che non chiude
mai le finestre, luce che non frena
il desiderio, le correnti d’aria
dirigono gli umori, nebbia a tratti
foglie secche in autunno, mulinelli
di pagine per tutto quanto l’anno
Succede qualche volta che di notte
non dorma soddisfatta una finestra
senza sentire vita e si spalanchi
d’improvvisa energia, che cerchi fuori
un bagliore, una voce, un movimento
il fischio di un uccello senza pace
Nous aimons que l’attente nous raconte
à l’envers ce qui se passera
l’espoir que l’on aborde en marche arrière
le calcul certain qui prévoit le voyage
à l’heure h par écoulement
du temps au moment du lancement d’un bateau
la fusée lancée vers le ciel
est déclenchement lorsque se dresse le pas mort
Calculons le vœu d’infini
au point sans temps, l’heure absente
nous pousse à l’embarquement, à l’aventure
vers un trajet secret : précisément le néant
cet instant de vie insoupçonnable
par privation, par insuffisance
que nous voudrions prolonger, degré zéro
que nous célébrons, là le temps s’achève
et commencent les prévisions du monde
Ci piace che l’attesa sia racconto
in senso inverso, quello che sarà
speranza cui si approda a marcia indietro
conteggio certo che prospetta il viaggio
all’ora zero, per esaurimento
del tempo dato il varo della nave
il razzo che è lanciato verso il cielo
è scatto quando svetta il passo morto
Numeriamo l’auspicio da infinito
al punto senza tempo, l’ora assente
ci stimola all’imbarco, all’avventura
verso il tragitto ignoto: è proprio il niente
quell’attimo di vita insospettabile
per privazione per insufficienza
che vorremmo durasse, quota zero
che festeggiamo, lì finisce il tempo
ed ha principio il mondo che farà
G. Grattacaso Giuseppe Grattacaso 2021-10-22