Valerio Magrelli
Traduction Jean-Charles Vegliante
Pour ne pas oublier le Policide
On dit « essaim de secousses », comme s’il s’agissait d’abeilles
mais des abeilles qui nous chassent de nos maisons
des abeilles qui font un miel amer, amer
de douleur, de nausée, de peur
Nous nous étions installés au-dessus de leur ruche
voilà pourquoi elles nous chassent
Nous ne sommes chez nous même pas dans notre maison
même notre maison est la maison d’autrui
la maison de quelqu’un arrivé bien avant
et qui à présent nous chasse
Elles viennent en essaims, reprendre leur maison
la maison qui est la leur, dont elles nous secouent à terre
nous punissant de notre présomption
avoir été assez confiants
pour croire que le monde se pouvait habiter
Il sangue amaro, Einaudi 2014
Lo sciame
Per non dimenticare il Policida
Si dice “sciame di scosse”, come fossero api
ma api che ci cacciano da casa
api che fanno un miele amaro amaro
di dolore, di nausea, di paura
Ci eravamo accampati sopra il loro alveare
ecco perché ci cacciano
Non siamo a casa neanche a casa nostra
anche la nostra casa è casa d’altri
la casa di qualcuno arrivato da prima
e che adesso ci caccia
Vengono a sciami, si riprendono casa
la loro casa, da cui ci scuotono via
punendoci per la nostra presunzione
essere stati tanto fiduciosi
da credere che il mondo si potesse abitare